
Réédition des leçons d'enseignement de Henri Ey sur les délires
chroniques, leur clinique, leur évolution leur transformation.Essentiel
pour aborder des questions fondamentales: qu'est-ce que la réalité,
qu'est-ce qu'une idée délirante, l'hallucination est-elle à la base du
délire...etc. Sur la paranoïa et le délire paranoïaque une excellente
mise au point clarifiant les problèmes. À lire en même temps que la
thèse de J. Lacan de 1932.
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Extraits de la préface :
"Si l'on se fie aux airs du temps,
un peu à l'image de l'abondante littérature de distraction
qui est proposée aux psychiatres, nous pouvons imaginer que cet
ouvrage arrive aux mains d'un lecteur flâneur, distrait, comme dirait
Walter Benjamin. Nous pourrions alors lui dire que les Leçons
présentées ici vont satisfaire ses besoins de flâneries,
tant il pourra visiter, consulter et connaître les auteurs qui ont
construit le savoir psychiatrique sur le délire. Néanmoins,
nous voulons aussi le prévenir qu'elles le feront beaucoup moins
avec ses envies de distraction. Même si Henri Ey n'a pas la même
réputation d'être d'une lecture laborieuse comme c'est le
cas de son ami Jacques Lacan, nous croyons devoir faire part au lecteur
- dont la distraction risquerait de l'égarer dans cette lecture
- d'une difficulté que nous avons rencontré dans la fréquentation
régulière des textes de Henri Ey. Dans ces Leçons
sur le délire, se retrouve aussi une particularité récurrente
de sa pensée et de son écriture : celle par laquelle un même
terme, une notion, au terme du chemin d'élaboration, se retrouve
du côté opposé à celui d'où Henri Ey
est parti. Il en est ainsi pour des notions majeures de son oeuvre.
Citons quelques exemples : au fil du
temps, le corps, de tégument, devient plus tard corps psychique,
ou bien la conscience, qui dans un premier abord se rapproche de
l'arousal neurologique, devient avec son élaboration le lieu
de l'affranchissement des déterminations matérielles de l'homme.
Cet aspect, que nous pouvons caractériser comme l'essence dialectique
de sa pensée, est aussi à l'ouvre dans la notion de délire
qui fait l'objet des Leçons. Même si Henri Ey présente
d'emblée dans ces pages la tension conceptuelle existante entre
le délire-état et le délire idée
, et bien qu'il se déclare ouvertement partisan de la première
- c'est à dire du délire comme un bouleversement global de
l'être, contre celle qui le réduirait à n’être
qu’un simple trait-, il est nécessaire qu'en tant que lecteurs
nous sortions de notre distraction et nous nous demandions à chaque
fois que le terme apparaît sous nos yeux laquelle des deux significations
est ainsi exprimée. Et surtout, si Henri Ey exprime à ce
moment là sa propre position où, au contraire, s'il est en
train de nous présenter celle des autres. Mais encore, de quelle
manière il dialectise ces deux notions limites - au sens
que lui donne Ludwig Binswanger -, comme par exemple lorsqu'il aborde
les transformations délirantes par lesquelles le délire,
de transformation globale, devient idéologie à travers
la syntaxe du sujet. Une fois avertis du risque auquel notre distraction
nous expose, essayons d'établir quelques précisions aux notions
que nous venons de présenter très rapidement."
Eduardo Mahieu
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